C'est
dommage que Pierre, Rose, Jeannot et Christine soient obligés de
retourner chez eux pour le déjeuner (pour retrouver leurs grands
fils qu'ils ne voient pas de la semaine). Ils ont pu avoir un aperçu
de la balade, mais son charme provient aussi de la détente qu'elle
procure, et du plaisir d'échanger avec les amis. En se dépêchant
de rentrer, ils perdent la moitié du plaisir... Enfin, nous poursuivons
sans eux, et les parents restants remotivent périodiquement leur
progéniture qui fatigue parfois. C'est que le chemin est très
rectiligne, et la découverte paisible du paysage n'arrive pas à
intéresser en permanence les jeunes. Ramona fait du cross dans les
flaques, comme les garçons, tandis que Cécile et Anna conduisent
de concert.
Comme
je l'ai écrit à la page précédente, si nous
dominons ainsi le fleuve et la campagne alentour, c'est que nous cheminons
sur une digue élaborée grâce aux conseils d'ingénieurs
hollandais il y a plus de 300 ans. Le XVIe siècle (1500-1599) a été
marqué par les terribles guerres de religion. C'est aussi l'époque
où de grands projets aboutissent, en particulier la déviation
du cours de l'Adour avec le percement de l'ouverture au Boucau le 28 octobre
1578. Henri IV, le 15 novembre 1599, ordonne l'assèchement des marais
français. Les travaux d'assainissement des barthes s'amorcent corrélativement
à la construction des maisons situées le long de l'Adour.
(J. Garat p 43, 121, 297 et 342). Cela permet d'améliorer certaines
prairies en augmentant la production de foin.
Ce
nouvel écosystème est nommé "barthes", terme
qui désigne les plaines alluviales de l'Adour séparées
du lit mineur par une digue. Elles s'étendent sur 10 000 ha entre
le fleuve et le versant du plateau landais.
Elles
ont un rôle essentiel de stockage et d'écoulement des eaux
par le biais des "traverses" et des "esteys", ces canaux
qui se terminent par des "portes à flots". Leur spécificité
réside dans leur capacité à être inondées
et dans la diversité des milieux qui la composent. La richesse de
la flore, prairies, chênaies, aulnes, saules et de la faune - 143
espèces d'oiseaux y ont été observées - en font
un milieu exceptionnel.
Je
trouve bizarre que la marée se fasse sentir aussi loin en amont.
Pourtant, j'observe effectivement durant l'après-midi des échassiers
ou des limicoles qui se nourrissent d'animalcules enfouis dans la vase sur
l'autre rive.
Ils
sont un peu loin pour être photographiés nettement avec mon
appareil photo, dommage. Ce sont peut-être des spatules, l'oiseau-emblème
du marais d'Orx, qui est un site protégé indispensable aux
oiseaux migrateurs, ou bien des anatidés ou des grandes aigrettes,
mais je ne peux rien affirmer : ils sont blancs et savent nager, c'est tout.
Sur un panneau à Saubusse on mentionne la présence de cigognes.
Christine croit reconnaître un héron cendré planant
au-dessus des arbres.
Un
autre panneau explique en quatre schémas l'utilité de l'aménagement
hydraulique des barthes. En effet, auparavant, les rives étaient
submergées systématiquement à chaque marée haute
(fig. 1). L'Adour envahissait alors toutes les parties basses deux fois
par jour. Aucune utilisation agricole de ces terres n'était possible.
Lorsque les barthes sont aménagées (fig. 2 et 3), digues et
portes anti-retour évitent l'inondation des terres par l'aval en
marée haute. L'ouverture de la porte à flot permet l'écoulement
des eaux contenues dans la barthe ce qui permet son utilisation sur le plan
agricole. En période de crue (fig. 4), les portes anti-retour sont
fermées pour éviter l'inondation par l'aval. La barthe est
inondée par le ruissellement du bassin versant : ce système
entretient une prairie humide en hiver.
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A
Saubusse les Bains, station thermale comme son nom l'indique, les portes
à flots (ou trompes) sont situées à la sortie des ruisseaux
qui affluent des barthes. Il y en a deux sous le pont de pierre. Ce sont
d'ingénieux systèmes de portes mobiles qui fonctionnent grâce
à la différence de pression des eaux qui arrivent des barthes
ou de l'Adour. C'est donc un système automatique qui ne nécessite
aucune intervention humaine en dehors des réparations et de l'entretien.