Le Sentier côtier
Cette
promenade est très agréable. Grâce aux jumelles que j'ai
pris la précaution d'emporter, j'arrive à distinguer les oiseaux
qui se tiennent à découvert dans la réserve. Des panneaux
dressés sur notre chemin nous aident à en nommer quelques uns
: l'aigrette garzette, la spatule, les limicoles, le Foulque macroule (sorte
de canard), l'ibis, le cygne, la cigogne, les mouettes et cormorans...
Les
enfants, d'abord récalcitrants, en viennent à s'intéresser
à cette faune diversifiée et paraissent goûter ce cadre
semi-aquatique (tout en grappillant des mûres).
Nous
rencontrons un ancien Arcachonnais à vélo arrêté
à une écluse. Après les salutations d'usage, nous l'interrogeons
sur le Parc et le Bassin. Il en a connu toute l'évolution et regrette
que l'entretien des berges et canaux ne soient plus effectué correctement.
Tout s'envase et s'ensable, il préférait l'époque où
les bassins du Parc étaient utilisés pour la pisciculture.
Il
nous montre le chenal devant nous, continuation d'un des bras du delta de
l'Eyre dont les rives s'éboulent doucement : avant, on n'aurait pas
toléré une telle négligence, des pieux retenaient le
sol et gardaient le passage dégagé pour les bateaux.
Tandis que les autres poursuivent leur marche
en devisant, Xavier, Max, Michèle et moi restons un moment à
observer un échassier qui se débat avec une anguille dans une
mare peu profonde. De
son long bec, il la tient par la tête en essayant de l'occire tandis
qu'elle se débat en remuant de toutes ses forces comme une couleuvre,
avec laquelle je l'ai tout d'abord confondue. A force, l'oiseau fatigue, le
poisson glisse, maintenant serré par le milieu dans l'étau du
long bec. L'oiseau plonge sa tête sous l'eau afin de mieux la saisir
et reprend son manège, tachant de l'étouffer dans sa gorge.
Rien n'y fait, le poisson a de la résistance et ne paraît pas
souffrir de ce séjour à l'air libre. Au bout d'une dizaine de
minutes de ce manège, l'oiseau abandonne sa proie.
Un
bassin à sec nous intrigue. Un panneau situé à proximité
explique au promeneur ce qu'il en est. "Parc Ornithologique - Le Teich
- Information des visiteurs :
Nous asséchons ce réservoir pour une période d'environ un mois pour deux raisons principales :
-
Le premier objectif de la mise à sec de ce réservoir est de
favoriser un rajeunissement du plan d'eau par minéralisation des vases
fluantes produites depuis plus de 30 ans. En effet, pour des raisons de bonne
qualité des eaux, il est nécessaire de pratiquer un assec environ
tous les dix ans.
- Cet assec a pour but également de faciliter les travaux de réfection de l'écluse du Peyrat détruite lors de la tempête de décembre 1999.
La remise en eau aura lieu après la fin des travaux de l'écluse, courant octobre. - La Mairie"
Nota : les vases fluantes, ceux sont celles qui s'écoulent, et leur minéralisation, c'est le dépôt des minéraux en suspension dans l'eau dans les vases. Cela paraît faire le bonheur des oiseaux qui s'y reposent en grandes bandes, particulièrement les mouettes (ou leurs congénères) qui prennent le soleil en dormant d'un oeil, et les limicoles qui arpentent la vase encore humide.
Au
bout de 4,5 km nous aboutissons au petit port de plaisance du Teich où
se situe également l'accueil du Parc Ornithologique. Il y a une petite
fête. Les enfants, Jean-Louis et Richard viennent de voir des chiens
nageurs-sauveteurs faire une démonstration de leur savoir-faire. Un
peu plus loin sont exposés des chars à voile d'une association
de Biscarrosse. Un ancien, tout en bois verni, me plaît beaucoup. D'autres,
plus modernes, s'inspirent plutôt des vélos de course en vélodrome,
avec leurs roues pleines en matériaux modernes penchées pour
mieux adhérer au sol et gagner en stabilité tout en diminuant
la taille du char.
Nous
nous avançons vers les bateaux amarrés pour chercher ceux qui
ont été restaurés ou bien construits en bois selon des
techniques anciennes. Malheureusement, ils sont déjà repartis
dans un autre port du bassin. Pendant que certains restent sur la petite plage
voisine, nous montons sur une "montagne" (d'alios ou de sciure de
bois ?) d'où l'on a une vue panoramique sur l'embouchure de la Leyre
et une partie du bassin.
Sur
le chemin du retour, Michèle et moi admirons les groupes de cygnes
qui se sont posés côté Bassin d'Arcachon et nagent doucement
dans les lueurs rougeoyantes du jour finissant. Nous n'en avons jamais vu
autant à la fois. Soudain, un coup de feu retentit, puis un autre,
et un troisième !
Est-il
possible que la chasse soit admise ? Je pose la question tout à trac
aux trois hommes qui bavardent en riant, chaussés de hautes bottes
et vêtus de vert sombre. L'un d'eux n'apprécie qu'à moitié
et prétend qu'ils sont chez eux, et que par conséquent ils ont
le droit de faire ce qu'ils veulent. Il est interdit de chasser dans la réserve,
mais pas à côté, et gare aux oiseaux qui se trompent !
D'ailleurs,
qu'est-ce que nous faisons, nous, sur ce sentier dont l'accès aux promeneurs
n'est admis que jusqu'à 18 heures ! Bien sûr, il plaisante, mais
tout en manipulant sa cartouchière tandis que les autres examinent
leurs fusils pliés en deux, prêts à être rechargés.
Nous nous hâtons de regrouper les enfants et de les faire passer devant
nous et rentrons au camping en pressant le pas.
Le
soir, nous allons dîner à Arcachon et le peu que j'aperçois
des rives du Bassin me déçoit beaucoup. J'imaginais qu'il était
aménagé comme Hossegor-Capbreton, avec ronds-points fleuris,
maisons coquettes et voies cyclables. Pas du tout ! C'est très vieillot
et j'imagine sans peine les embouteillages qu'il doit y avoir l'été,
lorsque tout Bordeaux s'y déverse...
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