Descente de la Leyre en kayak
15 septembre 2002
Participants : Cathy, Jean-Louis et Jonathan Constant ; toute la famille Duez ; Richard, Anna et Sammy Biscay ; Mikel Ladeveze ; Eilsabeth et Jean-Louis Bessou ; Dominique, Christine et Lola Gilbert.
Le récit de Cathy
Descendre la Leyre en kayak (15 septembre 2002)
Cette fois, c'est la bonne ! Il a fait grand beau temps toute la semaine, et cela continue même le week-end. Nous ne regrettons pas d'avoir reporté de huit jours, car il fait frais en ce matin de la mi-septembre et le soleil radieux n'est pas inutile pour nous réchauffer après les passages ombragés ainsi que les arrosages intempestifs. Il ne faut pas deux heures de voiture pour faire le trajet d'Anglet au Parc Ornithologique du Teich, y compris en respectant les limitations de vitesse. Nous prenons le temps de faire une halte chocolatine et pain frais à la boulangerie du village pour recharger les accus avant le départ. Jean-Louis prend tous les enfants dans la 806 et suit la fourgonnette qui amène le groupe à Salles.
Nous recevons les recommandations de rigueur (maniement des pagaies, nombre de ponts avant l'arrivée, technique de freinage et de contour des obstacles...). Après un moment de flottement pour le rangement des pique-nique dans les bidons et la répartition du groupe sur les kayaks mono- et biplaces, tout le monde s'élance. Un canoë possède une rame d'un seul côté du manche, donc le rameur rame toujours du même côté (droit ou gauche) et doit parfaitement se coordonner avec son équipier.
Un kayak est propulsé par des pagaies, qui comportent une rame de part et d'autre du manche. Ces rames sont fixées perpendiculairement l'une par rapport à l'autre afin de fendre l'air pendant que l'autre s'enfonce dans l'eau. Le rameur doit donc garder la main gauche souple, dans laquelle le manche coulisse, tandis que le côté droit s'enfonce, puis inversement casser en arrière le poignet droit afin de ramer sur le côté gauche. Pour les biplaces, l'équipier placé à l'avant de l'embarcation est chargé de la propulsion, tandis que celui placé à l'arrière s'occupe plus spécialement de l'orientation (ce qui n'est pas évident, parce qu'il ne voit pas bien les obstacles cachés par son partenaire).
L'eau est à 15°C, nous prenons garde à ne pas trop nous éclabousser, au moins au début. Il y a des rapides dans les 5 premières minutes de trajet, et un ou deux autres passages identiques dans le courant de la journée, ceci pour dire qu'il ne s'agit pas d'un parcours excitant comme le canyoning en Aragon, mais plutôt d'une descente requérant des qualités d'endurance, puisque nous ramerons sur 20 kilomètres en deux fois deux heures et demie, nous dit l'organisateur (qui ne nous accompagne pas).
Nous ne sommes pas seuls. Outre notre groupe de 17, une dizaine d'autres personnes amenées par l'autre fourgonnette effectue la descente avec nous. Il y aura encore deux autres groupes, identifiés par la couleur de leurs embarcations (bleue ou verte - nous en avons des jaunes) qui partirons de Salles, ou que nous rencontrerons à partir de Mios, en début d'après-midi.
Les Landes de Gascogne ont été classées en Parc Naturel Régional depuis 1970. La collectivité exprimait ainsi sa volonté de protéger un patrimoine naturel riche mais néanmoins fragile : les vallées de la Leyre, milieu secret, dissimulé de source à embouchure au coeur du massif forestier gascon.
Les réserves naturelles sont des espaces naturels protégés d'importance nationale. De superficie limitée en métropole, elles protègent chacune des milieux très spécifiques et forment un réseau représentatif de la richesse du territoire.
Les objectifs de conservation des réserves naturelles sont énumérés par la loi. Ceux sont en particulier :
- la préservation d'espèces animales ou végétales et d'habitats en voie de disparition sur tout ou partie du territoire national
- la préservation de biotopes et de formations géologiques, géomorphologiques ou spéléologiques remarquables
- la préservation ou la constitution d'étapes sur les grandes voies de migration de la faune sauvage,
Les objectifs généraux de la protection de la nature en France - conservation de la diversité biologique et des paysages - s'appliquent aux réserves naturelles. Leur rythme de création a d'abord été lent : une réserve créée en 1961, deux en 1964, une en 1969 et une en 1972. A partir de la création du ministère de l'Environnement en 1971, l'Etat a classé quatre à cinq réserves par an. La centième réserve fut créée en 1990. En janvier 2000, on recense 147 réserves naturelles. L'objectif est d'avoir créé 200 réserves naturelles environ en 2010.
(Texte extrait du site sur les parcs naturels sur internet)
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J'ai été retardée par les enfants qui ne trouvaient pas d'embarcation à leur goût. Je profite donc de mon privilège de "voiture-balai" pour naviguer dans le calme, ce qui me permet d'apercevoir un écureuil qui court le long d'une branche de chêne horizontale au-dessus de la rivière. Les oiseaux sont silencieux, sans doute les entend-on davantage le matin de bonne heure et à la tombée du jour. Par contre, des éclairs émeraude zigzaguent au ras de l'eau, ceux sont des libellules, belles carnassières volantes qui se posent parfois sur les feuilles ou les brindilles qui glissent à la surface du courant.
A propos, sommes-nous sur la Leyre ou l'Eyre ? En fait, la rivière qui se jette dans le bassin d'Arcachon sous la forme d'un delta se nomme l'Eyre. Si je remonte son cours sur la carte, elle prend ce nom à partir de Moustey, au sud-est de Saugnac-et-Muret, où confluent deux rivières, la Petite Leyre, qui prend sa source non loin de Luxey, et la Grande Leyre dont les sources multiples sont situées au sud de Marquèze et Sabres. Je conclus de ces observations géographiques que les Landes doivent "pencher" du sud-est vers le nord-ouest, puisque c'est grosso modo la direction générale de ce bassin fluvial.
C'est un vrai plaisir de naviguer sur cette rivière nichée en pleine nature, sans le moindre village ni la moindre marque de civilisation sur ses berges. Seuls les quatre ponts, trois routiers et un ferrovière, nous rappelleront que nous ne sommes pas dans une forêt-galerie du fin fond de l'Amazonie. Une station de pompage sur la rive, entrelac de tuyaux compliqué, et deux panneaux avertissent dans le dernier tiers du parcours qu'il ne faut pas faire de travaux d'aménagement de la rivière sans en avertir les autorités car un oléoduc est enfoui dans son lit. Nous sommes dans un parc naturel, mais apparemment il y a des exceptions qui confirment la règle...
La végétation varie tout au long du parcours. Bien sûr, le pin prédomine, mais on y trouve également du chêne, du frêne et de l'aubépine, parfois plus près que nous ne le voudrions puisque le ravinement des berges par l'action de l'eau fait parfois s'écrouler les arbres en travers du courant. Certains sont sciés, d'autres pas. Des arbustes inondés dressent à fleur d'eau leurs moignons ébranchés, à peine décelables par un petit tourbillon. Gare à l'étourdi qui ne surveille pas les rides à la surface ! Heureusement que nos bateaux sont très plats, légers et maniables, et qu'il n'y a pas de risque qu'ils se crèvent sous l'action des chocs répétés. Les enfants, pour corser la descente, longent les berges et s'amusent à passer les obstacles jetés en travers de leur chemin.
Des promeneurs cherchent des champignons et je retrouve les grandes fougères presque arborescentes au feuillage différent de celles du Pays Basque, que j'avais admirées lors de notre dernière expédition l'an dernier. Aux approches du bassin, les arbres se raréfient, au bénéfice des tamaris, des baccharis (plante introduite, qui étouffe progressivement les joncs), des prêles, des roseaux... Le fond de sable clair ne permet pas aux algues de se fixer, celles-ci trouvent refuge sur les bois immergés, mais dans l'ensemble, l'eau est limpide, seulement légèrement colorée parfois de rouille et assombrie par les feuilles qui s'amassent au fond des zones calmes.
Il n'y a pas de plastique ni aucun déchet, les randonneurs aquatiques respectent leur environnement et prennent soin d'emporter les reliefs de leurs repas. La seule nuisance est l'odeur répandue à des lieux à la ronde par la papèterie de Facture. Nous la percevons lorsque nous passons à proximité, mais, fort heureusement, ce n'est que sur une faible portion du parcours. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi elle empeste comme cela. Celle de Tartas a réussi à supprimer ces nuisances olfactives, pourquoi pas Facture ?
A mi-parcours, nous trouvons une aire de pique-nique aménagée où nous apprécions de pouvoir prendre un petit café brûlant avant de repartir. Finalement, la matinée s'est écoulée très vite, mis à part pour Jonathan qui (comme d'habitude) demandait périodiquement quand est-ce qu'on allait manger (un vrai estomac, ce garçon)... Les enfants, d'abord inquiets au début (ils avaient eu beaucoup de mal l'an passé avec les tourbillons dans les branchages) ont pris de l'assurance, préférant à la longue les monoplaces aux biplaces. Ils sont loin devant, en train de faire la course, ou des concours d'obstacles, afin d'animer une descente par trop contemplative à leur goût. Même la petite Lola a voulu prendre les rênes, pagayant à la place de sa mère. L'Eyre est beaucoup plus large que la Leyre, moins encombrée et bénéficie d'un courant plus régulier qui nous fait descendre vers l'embouchure, même sans ramer (contrairement au courant de Huchet).
Au panneau indiqué, tout le monde tourne sur la gauche en direction du Teich (sinon, nous nous retrouverons à Bizanos), où les roseaux et les senteurs marines sont les premiers prémices de l'entrée dans le delta aux eaux saumâtres. Nous finissons notre journée par un plouf dans une mare au soleil, complétée à chaque marée haute par un apport d'eaux neuves qui se déversent en cascade artificielle par un système de tuyaux. Cette potion opaque et jaunâtre n'inspire pas le reste du groupe qui reste sur l'herbe à nous regarder nous ébattre comme des canards. C'est l'heure de se quitter : cette fois, pas d'averse diluvienne sur le trajet, mais un magnifique coucher de soleil...