Alkurruntz

11 mars 2001

Participants : Jean-Louis et Cathy Constant ; Richard Biscay, Anna, Sammy ;  Max Duez ; Sylvie, Jean-Luc, Diana et Feridun ; Cristina, Miguel, Ana et Diego ; Debbie, Alain, Jules et Marielle


 

 


Le récit de Cathy

A tous ceux (et surtout celles) qui me demandent quel intérêt il peut y avoir à marcher - et surtout grimper - en montagne, j'ai coutume de leur répondre : il n'y a pas que la marche, ni la peine à grimper pour simplement atteindre le sommet d'un pic, la randonnée telle que je la conçois, c'est bien autre chose.

Par exemple, dimanche dernier, il avait fait un temps pourri la veille, et le lendemain lundi fut également pluvieux. Mais dimanche, j'ai ouvert les volets sur un soleil radieux, tempéré de quelques nuages pas menaçants du tout, et je me suis dépêchée de préparer le pique nique et des vêtements pour tous les cas possibles de figure (froid, vent, pluie, soleil), car en montagne, le temps peut changer très rapidement. Équipée de mes chaussures et bâtons de montagne, c'est bon, j'étais parée.

 

Richard avait persuadé de nouvelles relations à se joindre à nous (Debbie, Alain, Jules et Marielle), Christina avait amené son mari, Michel, ou  Miguel, et ses enfants, Diego et Ana, Jean-Luc et Sylvie avaient également amené leur ami iranien, Feridoun. Notre cercle d'amis s'est donc élargi et, tout en amorçant notre petit périple, nous avons commencé à lier connaissance. La vue portait loin sur le golfe de Gascogne et les montagnes avoisinantes, et à l'oeil nu ou à l'aide des jumelles, nous repérions à nos pieds les villages de Zugarramurdi (celui des sorcières), de Dancharia ou d'Aïnhoa, et les villes côtières depuis Saint Jean de Luz jusqu'à Capbreton. Le marais d'Orx brillait au loin et l'on pouvait deviner les méandres de l'Adour et les flèches de la cathédrale de Bayonne. Plus près de nous, c'étaient les cols, les pics, que Max et Richard nommaient aux néophytes.

Marchant aux côtés de Debbie, femme d'affaire américaine de San Francisco, qui a choisi de passer une année sabbatique au Pays Basque (et entame la deuxième), nous échangeons nos impressions sur la Californie. Alain, son mari français qui vit auprès d'elle aux Etats Unis et exerce la profession de cuisinier-traiteur, compare les mentalités des deux pays. Christina, espagnole, médecin, qui pratique la gymnastique aquatique et suit des cours d'encadrement de tableaux, me parle de la difficulté de faire un cadre parfait. Son mari, également médecin, qui s'est fait opérer du genou et marche avec précaution, nous décrit les paysages sous-marins au large de Saint Jean de Luz qu'il découvre en faisant de la plongée. Au cours du repas, la conversation porte sur l'alimentation et la difficulté de se nourrir sainement.

Au fur et à mesure que nous prenons de la hauteur, le vent forcit et se met à souffler en rafales. Il ne fait pas franchement froid, mais je supporte bonnet de ski et pull d'hiver sous le K-way. Nous nous regroupons autour de pierres dressées, menhirs mystérieux, cromlechs de grès rose lissés par l'érosion, signes religieux ou astronomiques d'une population préhistorique disparue. Nous faisons halte un peu plus loin, au pied du chaos de rocs qui forme le sommet, à l'abri du vent, et nous installons sur une vaste dalle rocheuse pour pique niquer en contemplant la vue qui s'étend jusqu'à la mer. Regroupés par familles, nous déballons le contenu de nos sacs à dos et nous restaurons gaiement, tandis que Max, toujours vigilant, ramène Jules et Diego qui nous avaient précédé et avaient déjà gagné le sommet en escaladant les rochers !

Evidemment, pour le dernier tronçon, nos sacs se sont considérablement allégés, mais je n'en dirais pas autant de nos estomacs, ni de nos pieds ! Mais Richard, notre guide, a été bien inspiré : plus nous montons, plus le vent souffle violemment, et je manque de perdre l'équilibre en arrivant au sommet de l'Alkurruntz. Chemin faisant, les effectifs se sont réduits : Sylvie reprend le chemin inverse avec sa fille Diana qui souffre du pied et sa petite copine Ana ; Debbie ramène également Marielle et Anna Biscaye, les deux camarades de basket, qui se découragent également, ainsi que Diego, qui estime en avoir fait suffisamment en atteignant le sommet une fois, et avant tout le monde en plus !

Par contre, Feridoun suit Jean-Luc d'un pas ferme, Max et Jules refont l'ascension sans état d'âme.

 

Les autres suivent en prenant une pente (relativement) douce qui contourne les blocs rocheux. Nous suivons les flèches blanches peintes sur les roches et les cairn (empilement de cailloux) qui indiquent le bon chemin. Une ouverture sombre, surmontée d'une inscription (... fortaleza ...), nous surprend : la montagne a été creusée pour servir de forteresse aux soldats, à l'époque du franquisme. Un autre accès, condamné par une grille tordue, nous fait deviner les dimensions imposantes de ce repère caché. En fait, toute la région comporte des vestiges de ces temps de guerre révolus, et au retour, nous voyons de loin un bâtiment similaire à un kayolar dont le toit bâti dans le prolongement de la colline est entièrement recouvert de terre herbeuse , qui le camouflait au regard des pilotes d'avion.

 

çà y est, nous y sommes ! Le vent nous tourmente, siffle à nos oreilles, nous déséquilibre, mais l'avantage, c'est que nous avons une superbe vue dégagée sur tous les alentours. Il faut crier pour s'entendre. Richard maintient son petit Sammy (7 ans et très souriant !) par l'anorak, de peur qu'il ne s'envole. Max nous immortalise d'une photo au point géodésique marqué d'un poteau de béton. Un moment plus tard, nous voyons Christina se hisser péniblement par le côté le plus raide, agrippant les herbes jaunies par le froid de ses mains, suivie de son mari, volontaire, qui monte prudemment pour éviter la fatigue de son genou fragile. Les voilà au sommet, heureux et fiers ! Mais où ont disparu les autres ? Ils se sont assis légèrement en contrebas, à l'abri du vent, et s'amusent de notre surprise.

 

 

 

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