10 décembre 2000
Participants : Cathy, Patricia et Pampi Ospital, Pierre et Rose Sorhaïts, Richard, Max
Récit de Cathy
C'’est Pierre qui a organisé cette sortie. Il a passé quelques coups de fil autour de lui. Le week-end précédent, il était allé reconnaître (très) sommairement les lieux.ur de lui. Le week-end précédent, il était allé reconnaître (très) sommairement les lieux.
Personne ne connaît l’itinéraire exact, sinon que nous allons au Baïgoura.
Richard et Max s’interrogent : eux qui préparent toujours les balades en reconnaissant le trajet, et sur la carte, et sur le terrain, et qui diffusent ensuite l’information (ou la font diffuser par mon truchement) longtemps avant la date, se sentent désorientés – « Mais il ne prend pas la bonne route ! Bof, il doit bien savoir ce qu’il fait ! Quel est ce chemin ? Je n’étais jamais passé par là ! Mais où est-ce qu’il mène ? Quand je pense que Sylvie et Jean-Luc nous attendent peut-être à l'aire de départ des parapentistes ! »- Ils vont vers l’inconnu.
Pierre a choisi midi et demie comme heure de regroupement à la jardinerie Lafitte, heure et lieu inhabituels, afin d’éviter de porter des sacs trop lourds sur le dos. Le problème, c’est que j’ai eu le temps de préparer pour mes cinq hommes, mais pas pour moi. Pierre piaffe : je partage mon pique-nique avec Richard qui a nourri ses enfants, mais rien mangé encore lui non plus. « Allez, il faut monter ! » J’arrime tant bien que mal ma cuisse de poulet aux oignons et poivrons dans ma baguette de campagne fendue en deux, j’enfile le harnais du sac à dos sur mes épaules et les lanières de mes bâtons de marche au poignet gauche, et j’entame la montée, sandwich à la main. Elle est bien raide, cette côte, j’ai du mal à coordonner mastication, respiration et mouvements des bras et jambes, je traîne lamentablement en queue de groupe, les mains et la bouche graisseuses, crachant de temps à autre un fragment d’os dans les ajoncs. Je m’en souviendrai, de ce pique-nique à la va-vite ! Les autres se moquent de moi, loin devant, Pierre me lance des sarcasmes, Rose et Patricia m’accordent une sollicitude amusée. Enfin, nous atteignons un premier méplat. J’obtiens un petit répit pour boire et j’offre à la ronde mon thé Earl Grey brûlant au miel et mon jus de pommes pressées. Nous admirons la vue, mais Pierre n’est pas là pour faire la sieste. Allez, on repart !
J’essuie mes mains et j’empoigne fermement mes bâtons, enfin dans le vif du sujet.
Ah ! Que la montagne est belle ! Je ne me lasse pas de la parcourir en tous sens, chaque point de vue est différent, et la luminosité change à chaque randonnée, c’est un constant émerveillement. Aujourd’hui, le ciel est nuageux, le temps relativement doux, et le regard porte au loin, sur la mer bicolore, bleu clair au bord, bleu sombre au fond, qui se détache nettement du ciel gris. Pas de brouillard, pas de brume, même légère, et les couleurs automnales donnent toute leur intensité, la rousseur des fougères sert d’écrin à l’émeraude des prairies autour des fermes disséminées çà et là. Les pottoks broutent en petits groupes. Pierre s’amuse à séparer une jument de son poulain qui pousse un hennissement de protestation avant d’aller en courant la rejoindre et se coller contre elle, tête contre croupe.
Un peu plus loin, pour le plaisir de les voir galoper, Pierre encore, toujours facétieux, fait un large détour en courant et les dérange dans leur occupation alimentaire. Ils ont un pelage long, soyeux et luisant, et bien que trapus, ont fière allure, crinière et queue flottant au vent. Dans les airs, les vautours planent, silencieux et majestueux, le regard vif et la tête mobile, bougeant à peine le bout de leurs rémiges, à l’affût de la moindre charogne abandonnée dans un ravin ou sur une pente rocheuse.
Vers la fin de l’après-midi, le soleil perçant entre deux nuages baigne le paysage d’une lumière chaude et dorée. Une vallée enserrée dans les flans de deux montagnes en recueille les rayons qui semblent l’emplir entièrement, contrastant avec l’ombre alentour qui déjà commence à envahir l’espace. Un pré s’illumine d’un vert cru incroyable dont je n’arrive pas à détacher mes yeux jusqu’à ce que l’obscurité l’atteigne à son tour.
Richard, Max et moi nous sommes octroyés un léger détour, par inadvertance, où j’ai découvert du gui pour le Nouvel An que je fais cueillir par Max avec mon petit couteau de cuisine. Il grimpe dans l’arbuste bas aux branches hérissées d’épines et me lance les rameaux un à un. Pierre nous siffle depuis l’autre flan de montagne : nous nous sommes égarés, il faut les rejoindre. Nous traversons un ravin couverts d’ajoncs et de ronces, remontons, pour apprendre après que nous aurions pu emprunter le chemin plus bas et les rejoindre un peu plus loin. Enfin !
Cela me fait penser que nous n’étions partis que pour une petite promenade dominicale d'après-midi, et que, ma foi, nous paraissons encore bien loin du but ! Nous avons laissé une voiture à un endroit, avons garé les deux autres au point de départ, de façon à ne pas faire un circuit complet mais une traversée.
Pierre n’a pas parfaitement évalué la distance, qui s’avèrera être d’une bonne vingtaine de kilomètres : nous sommes six bons marcheurs, il n’y a pas de problème, sauf que trois d’entre nous devons jouer à six heures au tennis, et que cela paraît fort compromis. Max a son portable. Pendant que nous poursuivons sur un tronçon de route dans le noir jusqu’au village (Louhossoa), il téléphone à Jean-Louis pour lui dire de ne pas nous attendre et de jouer en simple avec Philippe, nous ne pourrons pas être ponctuels, c’est sûr et nous pouvons même annuler pour ce soir, d’ores et déjà. Lorsque Rose ouvre son coffre, elle découvre à nos yeux éblouis une superbe tarte aux pommes que nous partageons avant de faire la navette pour reprendre les deux autres voitures.
En voilà une belle conclusion !